Discours des habitants du camping de Locmiquélic, menacés d'expulsion

21/09/2011 16:22

Notre combat pour la dignité du logement n’est malheureusement pas le seul.


Après notre allocution, nous passerons la parole au collectif « un toit pour tous » qui se bat depuis des semaines pour ne pas laisser des familles dormir dans la rue, ou dans leur voiture, comme cela se passe actuellement sur Lorient.

En janvier dernier, 41 personnes vivaient ici, au camping municipal de Locmiquélic :

Une bonne vingtaine d’ouvriers du grand ouest, en déplacement pour des chantiers à la DCNS de Lorient et une quinzaine d’habitants, qui étaient arrivés là car sans autre solution de logement.

Ce camping était devenu un lieu de vie où fraternité et solidarité n’étaient pas que des mots. Des familles, des étudiants, des retraités, des personnes seules, y trouvaient refuge, le temps de se reconstruire une dignité et de tisser des liens pour rebondir vers des solutions de logement plus pérennes.

Les enfants du quartier venaient y jouer, les habitants du quartier s’y rencontraient aussi depuis 7 ans, notamment lors de la fête des voisins, même en 2011 où celle-ci était ouverte à tous les habitants de Locmiquélic. C’était la fête des voisins de toute la commune, où ce fut encore l’occasion de rencontres. C’était un exemple de solidarité de proximité. C’était aussi un exemple de responsabilité collective qui s’impose pourtant chaque jour un peu plus à notre société.

Notre collectif est composé d’habitants qui se retrouvent au sein des valeurs humanistes que nous défendons, où le principal reste la place de l'humain dans notre commune (ce que certains appellent le vivre ensemble) et où l'individu (avant l'électeur) reste notre priorité quelle que soit sa confession, sa couleur de peau, son niveau social, ses origines géographiques et même ses opinions politiques...

Malheureusement, lorsque la municipalité a pris cette excellente initiative en 2003, d’ouvrir à l’année un camping touristique pouvant servir de marchepied, elle n’a pas saisi les enjeux d’un choix politique majeur dans notre société qui doit pourtant aujourd’hui redéfinir son contrat social.

Malgré notre rencontre en février avec une partie de l’équipe municipale et la demande du maire de faire une proposition de projet pour notre camping, le dialogue a été rompu sans que nous ne comprenions pourquoi.

Nous déplorons donc le refus de dialogue de la municipalité, alors même qu’elle s’est fait élire autour de valeurs qui auraient pu nous rassembler : télégramme du 26 février 2008. Je cite le maire monsieur le roux:

·         La solidarité est au cœur de notre projet : cette solidarité s’annonce d’abord dans le domaine du logement.

·         Améliorer le cadre de vie tout en respectant l’environnement, apporter des réponses aux citoyens à travers des services et équipements publics adaptés.

·         Renforcer la démocratie locale.

Face à l’absence de dialogue, nous avons décidé de nous adresser aux institutions et hommes politiques en charge des questions de logement et de solidarité.

Monsieur Métairie, président de l’agglomération lorientaise estime que ça ne le concerne pas, même si la commune de Locmiquélic maintient sa décision de se mettre dans l’illégalité en coupant l’eau et l’électricité dès vendredi prochain. L’intercommunalité n’est-elle qu’un outil comptable ?

Aucune réponse de la part de M. Goulard, président du conseil général, ni de M. le Ludec, fraîchement élu conseiller général du canton, ni de M. Le Drian, président de la région Bretagne, ni de M. Rouillard, député de Lorient, ni de M. Grall, député de la circonscription. Aucune réponse des services de l’Etat malgré nos multiples appels à l’aide : aucun contact de la part du préfet et sous préfet.

Pour nos élus, la dynamique citoyenne n’est-elle qu’un argument pré-electoral ?

Face à ce mutisme, nous nous sommes adressés aux habitants de Locmiquélic grâce à un référendum populaire (à raison d’un bulletin par famille) pour connaître leur avis sur le maintien de l’ouverture cet hiver pour enfin prendre le temps de réfléchir au sort des 7 habitants qui restent sans solution aujourd’hui.

Résultats : (à raison d’un bulletin par famille) 242 familles se sont exprimées. 213 Locmiquélic, 25 Port louis, 4 Riantec Lorient…

A la question suivante : « la mairie doit-elle maintenir ouvert le camping municipal cet hiver pour enfin prendre le temps de réfléchir à son avenir avec les habitants citoyens de Locmiquélic ? »

Sur 242 familles, 234 ont voté oui, 8 non. Le résultat est sans appel mais c’est surtout le nombre de familles qui se sont exprimées qui est important. 2500 foyers sur la commune, 10 % sont intéressés par notre démarche.

Vous êtes aussi venus en nombre pour nous soutenir, preuve que notre utopie de croire à une véritable démocratie locale, intéresse les citoyens qui ne supportent plus cette société de l’indifférence, de l’argent et de l’individualisme.

Aujourd’hui, la municipalité a malheureusement réussi son pari : chasser les habitants de ce lieu de vie : ils ne sont plus que 7 habitants et 1 ouvrier.

Face à l’urgence de la situation, nous demandons maintenant une nouvelle fois à la municipalité et aux institutions, encore capable d’un minimum d’humanité, d’humilité et de courage politique, d’ouvrir une table ronde sur le devenir des personnes qui habitent ici et qui n’auront ni eau, ni électricité dès vendredi.

Nous irons dans ce sens, déposé vendredi le résultat du référendum en mairie, avec les pétitions qui sont à votre disposition ici même.

D’autre part, nous vous informons que depuis hier, des actions sont engagées avec une association Morbihannaise et nous avons l’espoir de permettre que les habitants aient encore accès au minimum vital (eau et électricité). Mais tous les soutiens sont les bienvenus (moraux, logistiques, de communication, financiers, des contacts…)

Alors oui, nous les avons fait rêver, car des projets de ce type, cela existe, mais il faut des élus à l'écoute de leurs administrés et non dans la défense de leur territoire.
Alors oui, c'est peut-être pour cela qu'il faut continuer à se battre, pour réécrire notre rôle de citoyen prêt à défendre des valeurs auxquelles nous croyons : fraternité, égalité, liberté.

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