Dictocratie ou democrature ? (mardi 12 mai 2009)

13/05/2009 17:50

 

Entre les alarmistes criant a la dictature et les confiants qui, le cœur sur la main, passeraient outre de nombreuses chose pour croire encore en leur système, qui faut-il écouter ?

Certes nous avons la pluralité des partis (prônant tous le pouvoir avec quelque variation dans l’argumentation pour nous le faire oublier, il est vrai), le droit de grève, l’éducation pour tous…

Mais nous avons également des prisonniers politiques, la volonté de criminaliser chaque mouvement social, une police présente partout…

Alors, dictature ou démocratie ?

 

Comment, une démocratie se caractérise t-elle ? Titre autoproclamé, n’importe quel système peut en effet s’en targuer. Mais une véritable démocratie implique deux choses : la séparation des pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire, respectivement le pouvoir de créer, faire appliquer et surveiller le respect des lois) et le respect des libertés individuelles (qui sous-entendent, entre autre, le respect de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, et le suffrage universel). 1

Qu’en est-il dans le système français ?

 

Si l’on désirait dessiner un schéma du corps politique français, on commencerais, tout naturellement, par le plus important : la tête. C’est a dire notre cher président, le chef donc, du pouvoir exécutif. Ce pouvoir est complété par un gouvernement compose de ministres que le président nomme (et il a bien raison car ainsi, il peut nommer ses copains et/ou des gens compétents).

Apres l’exécutif vient le législatif, le bras droit de la Nation. Il est composé de deux assemblées : le Sénat, nomme par le président, et l’Assemblée Nationale, élue par le peuple. La, déjà, ca commence a se corser car les deux pouvoirs interagissent entre eux : l’Assemblée Nationale peut en effet déposer une motion de censure, qui dissout le gouvernement, et donc imposer un membre de la majorité, un pote quoi, et le président, de son cote, peut choisir de dissoudre également l’Assemblée Nationale. En gros, pouvoir exécutif et législatif se contrôlent mutuellement sauf dans le cas ou la majorité absolue de l’Assemblée Nationale –comme c’est le cas aujourd’hui- est du même parti que le président. Très bien, ca peut encore passer.

On ajoute ensuite le pouvoir judiciaire. Lui qui était encore indépendant, il y a peu, cessera partiellement de l’être lorsque le président pourra nommer le juge d’instruction.

On peut ainsi s’apercevoir que ces pouvoirs, censés êtres indépendants, sont en fait plus ou moins relies au pouvoir exécutif, c’est a dire au patron du pays. Bon, mais ce sont tout de même les citoyens qui, par suffrage universel, mettent ces fous de pouvoir (leurs « représentants », en admettant qu’un énarque puisse représenter un smicard, ca va de soi) a la tête du système. Si je terminais ainsi, je ne me poserais pas encore trop de questions, la réponse étant « on a le système qu’on mérite » (en raisonnant bien sur de manière collective et non pas individuelle).

 

Mais ce serait sans compter sur un quatrième pouvoir qui, n’ayant commence a prendre une réelle ampleur qu’il n’y a peu, est très souvent oublie dans le système politique : le pouvoir médiatique. Instrument de pensée, désormais aussi important que les trois autres pouvoirs, il permet au citoyen de s’informer, de forger son opinion. Le pouvoir médiatique permet aussi d’influencer le citoyen. Indépendant, c’est un outil de liberté. Noyaute, c’est un outil de propagande.

Est-il encore indépendant en France, aujourd’hui, alors que l’état peut nommer le patron de la télévision nationale, et contrôle plus ou moins le contenu des journaux télévises, alors que les lobbys tentent d’empêcher la diffusion de certains reportages qui « dérangent », alors que le web est surveille (dans peu de temps, dans le cadre de la loi Hadopi, l’accès Internet pourra être suspendu chez les particuliers –tient, comme c’est pratique !).

Nous nous trouvons donc dans un système ou, tout en gardant une semi indépendance, tout les pouvoirs sont relies a l’exécutif. A mi-chemin entre démocratie et dictature alors ? Ce serait un peu trop simplifier les choses. D’ailleurs, la démocratie est-elle vraiment garante de la liberté individuelle ?

 

Dans un système étatique, démocratie ou pas, nous ne pouvons et ne pourrons jamais etre totalement libres. Le pouvoir ne sera jamais au service du peuple, mais au service de celui qui l’utilise. La Nation et l’Etat ne seront jamais des constellations d’individus libres unis dans un même corps mais la promesse d’un pouvoir aux élites de ce monde.

 

Germinale

 

 

 

1) Bien entendu, c’est la la définition première de démocratie, valable dans nos pays occidentaux, avec notre histoire, notre culture. Je n’ai aucune prétention a pouvoir juger du respect ou non de la démocratie sur ces simples critères dans d’autres pays de culture différente.

NB : J’en oublie, bien sur. Si vous avez des modifications a apporter, je n’ai pas pu, en un seul texte, relever le système politique français de A a Z, bien trop complexe.

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